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Play et VTM demandent des mesures de soutien au marché local

Cet article a été précédemment publié sur MM.be

Après le mémorandum adressé en juin dernier aux futurs partis du gouvernement flamand conjointement avec la VRT, les chaînes privées Play (Telenet) et VTM (DPG Media) persistent et signent : elles tirent la sonnette d’alarme quant à la pérennité du marché audiovisuel local en raison de la pression des plateformes internationales et demandent au ministre des médias des mesures de soutien. 
 
Alors que HBO Max a déjà investi le marché pub belge (via Ads & Data), la question n’est en effet plus de savoir si les Netflix, Disney+ et autre Amazon Prime feront de même, mais quand…  Anticipant cette nouvelle concurrence, les représentants de Play Media et DPG Media ont expliqué, chiffres à l’appui lors d’une conférence de presse, l’ampleur et le caractère insoutenable de la pression qui s’exerce sur eux ; ils réclament les moyens de lutter à armes égales contre les grandes entreprises technologiques qui s’approprieront une grande partie des ressources.
 
« Notre secteur ressent la pression depuis des années : les coûts augmentent, tandis que nos revenus continuent de baisser », a déclaré Dirk Lodewyckx, Directeur Général TV, Radio & Straming chez DPG Media. « Cette situation est liée d’une part à l’évolution du comportement des consommateurs, qui sont de plus en plus nombreux à couper leur abonnement au câble, et d’autre part, aux recettes publicitaires sous pression en raison des transferts de budget vers les Big Tech. » 
 
Concrètement, une étude réalisée par PMP à la demande des deux groupes flamands montre que les recettes annuelles des radiodiffuseurs privés pourraient structurellement diminuer de 50 millions d’euros d’ici 2029 : 31 millions de moins pour la distribution en raison de la baisse des abonnements au câble (il pourrait y en avoir quelque 600.000 de moins d’ici cinq ans, selon l’analyse) suite à la montée en puissance de la Smart TV et des boîtiers multimédias type Chromecast ou Apple TV qui remplacent de plus en plus souvent les décodeurs. Et 20 millions de moins pour la pub, malgré les développements de leurs plateformes Go Play, VTM GO ou Streamz qui ne sera rentable qu’à l’horizon 2025 ou 2026. 
 
« Ces formes de diversification numérique ne suffisent pas à compenser les pertes », indique l’étude, qui prévoit une baisse des recettes publicitaires de 1% par an. Alors que dans le même temps, leurs coûts de production ne cessent d’augmenter, les chaînes privées flamandes risquent de devenir structurellement déficitaires à l’horizon 2026, avec un EBITA de -18% d’ici 2029, conclut l’étude. 
 
« Une telle évolution peut avoir et aura des conséquences considérables pour l’ensemble du secteur », ajoute Jeroen Bronselaer, CEO de Play Media. Selon l’analyse de PMP, les commandes des maisons de production pourraient diminuer d’un quart, plus de 700 emplois seraient perdus et les radiodiffuseurs pourraient même faire faillite. 
 
DPG Media et Play Media demandent au ministre flamand des médias et aux partis susceptibles de former le gouvernement fédéral des mesures concrètes : « Nous ne demandons pas d’argent, mais une politique média ambitieuse qui permettra aux opérateurs locaux de continuer à remplir leur rôle social et renforcer notre secteur », martèlent les représentants des deux groupes.
 
Cette politique devrait se concentrer sur la création de conditions de concurrence plus équitables vis-à-vis des géants de la tech qui ne sont pas tenus de respecter les mêmes règles, notamment en ce qui concerne la pub pour les jeux de hasard ou l’alcool… A ce niveau, DPG Media et Play Media demandent qu’il n’y ait plus de nouvelles restrictions. 
 
Ils demandent également la mise en place d’un cadre fiscal favorable pour les annonceurs qui investissent leurs budgets publicitaires dans les médias locaux plutôt que sur des plateformes internationales, à l’instar du tex shelter pour le secteur de la production. 
 
« Cela donnerait aux diffuseurs flamands l’oxygène dont ils ont besoin et des revenus qui pourraient être réinvestis dans des productions flamandes », ont déclaré Jeroen Bronselaer et Dirk Lodewyckx. 
 
En outre, Ils soulignent l’importance du contenu local, au-delà de sa simple fonction de divertissement : « Il crée des liens et de la solidarité en Flandre, de la créativité et de l’innovation ; il renforce la diversité et la pluralité et garantit une information solide et l’objectivité des reportages. » 
 
« Ce contenu est notre seule, voire notre plus grande arme dans la lutte contre les grandes entreprises technologiques internationales. Pour qu’elles restent trouvables et viables, il faut une position politique proactive. D’abord en Flandre, mais aussi, pour certains aspects, au niveau européen », ont-ils conclu.

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