VIA, l’Association belge des médias audiovisuels, vient de finaliser un cadre autorégulateur visant à limiter la publicité sur les jeux de hasard à la télévision pour lutter contre la dépendance aux jeux. Le fait que le secteur impose lui-même des restrictions s’inscrit dans la lignée de l’avis rendu par la Commission des jeux de hasard. Celle-ci avait effectivement plaidé en faveur d’une corégulation entre les opérateurs du secteur.
L’interdiction complète de la publicité sur les jeux de hasard n’est pas la solution pour remédier à l’addiction au jeu, estime VIA.
« Nous estimons que nous devons lutter contre l’addiction au jeu aux côtés des autorités », explique Wilfried Celis, président de VIA. « Grâce à ces mesures drastiques, nous pouvons veiller à ce que les jeux de hasard soient abordés de manière éthique et responsable. Selon nous, l’interdiction complète de la publicité sur les jeux de hasard n’est pas une bonne idée, car cela risque de déplacer le problème vers le circuit illégal du jeu et les opérateurs étrangers. Une politique ciblée de canalisation serait beaucoup plus efficace ».
Une politique ciblée de canalisation plutôt qu’une interdiction complète
L’offre existante, proposée par les opérateurs agréés, a pour objectif de permettre aux joueurs de s’adonner aux jeux de hasard de manière sûre et responsable. C’est l’essence même de la politique belge d’agrément : les jeux de hasard sont organisés dans le respect de conditions strictes, et de nombreuses mesures sont prises en vue de protéger les joueurs. L’attention des consommateurs doit donc être attirée sur l’offre légale, fiable et protégée. Vu le caractère mondial de l’internet et l’immense offre illicite, se contenter de mettre passivement les offres licites à disposition ne suffit pas pour instaurer une canalisation adéquate.
En cas d’interdiction complète de la publicité sur les jeux de hasard dans le paysage audiovisuel belge, il devient impossible de faire de la prévention, et les joueurs ne peuvent plus être canalisés du circuit illégal vers le circuit légal. Par ailleurs, il sera impossible de l’interdire dans le monde virtuel. Pour ces raisons, une interdiction complète n’est pas une bonne idée.
Il est également erroné de vouloir comparer cette interdiction à celle de la publicité sur le tabac. Dans le cas du tabac, il a été opté pour une politique strictement axée sur le découragement en dépit des répercussions négatives directes sur la santé des fumeurs. Ce n’est pas le cas pour les jeux de hasard.
À la suite de l’appel lancé par la Commission des jeux de hasard, VIA est disposée à rencontrer les décideurs politiques pour discuter d’une politique ciblée de canalisation.
Des mesures drastiques contre la publicité des jeux de hasard et des investissements dans la prévention
En concertation avec plusieurs régies publicitaires de diffuseurs audiovisuels belges, VIA a dressé une liste de mesures autorégulatrices visant la publicité pour les opérateurs privés de jeux de hasard.
« Les restrictions que nous avons nous-mêmes fixées vont réduire de 75 % la capacité de publicité pour les jeux de hasard. Par ailleurs, nous allons investir 20 % des revenus issus des spots publicitaires autorisés pour les opérateurs de jeux de hasard en ligne agréés dans une campagne de sensibilisation sur les dangers des abus de jeu », ajoute Wilfried Celis, président de VIA.
Voici les mesures que les chaines de télévision belges proposent dans le cadre de cette politique ciblée de canalisation :
1. Restriction du contenu des publicités :
La publicité se limite à un spot publicitaire qui n’incite pas directement au jeu. Le consommateur est ainsi dirigé vers le circuit légal sans que la publicité favorise l’addiction.
2. Restriction quant à l’heure de diffusion et restriction du volume publicitaire :
3. Restriction des possibilités publicitaires :
En limitant la diffusion des sports publicitaires à maximum 30 secondes, de nombreuses possibilités publicitaires sont exclues de facto (comme le placement de produit, les panneaux d’affichage, le téléachat…).
4. Interdiction de publicité personnalisée pour les jeunes, les joueurs exclus ou les joueurs qui n’ont plus pris part à des jeux de hasard pendant une longue période.
5. Obligation d’inclure un message d’avertissement dans les spots publicitaires. Les médias audiovisuels sont en outre prêts à investir 20 % des revenus issus de la publicité autorisée pour les opérateurs de jeux de hasard en ligne agréés dans une campagne de sensibilisation sur les dangers des abus de jeu.
Contrairement à la proposition d’interdiction complète de la publicité sur les jeux de hasard, qui a suscité un tollé, ces mesures peuvent être mises en œuvre très rapidement dans le cadre d’une corégulation. Les chaines belges de télévision sont prêtes à en discuter avec la Commission des jeux de hasard.
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